Discours d’investiture de Frédéric Lefebvre

Le 14 juillet 2010

Frédéric Lefebvre ministre de la Communication et du Numérique? Bienvenue dans un cauchemar éveillé.

Si les journalistes de Mediapart n’avaient pas jeté l’anathème sur Eric Woerth, le gouvernement aurait été remanié. Les grandes lignes en étaient connues. Eric Woerth prenait la place de François Fillon, Patrick Devedjian quittait la relance pour prendre en main les retraites dans un Ministère spécialement créé pour l’occasion. Nathalie Kosciusko-Morizet remplaçait Roselyne Bachelot au Ministère de la Santé et des Sports. Et un petit nouveau faisait enfin son apparition, sans démériter. Frédéric Mitterand était remplacé par un autre Frédéric.

Frédéric Lefebvre serait donc devenu Ministre de la Communication et du Numérique, preuve de l’attachement de Nicolas Sarkozy au monde digital, comme il l’a rappelé lors de son interview sur France 2. Frédéric Lefebvre avait d’ailleurs commencé à mettre à jour son discours d’investiture, préparé à l’occasion du remaniement prévu l’an dernier, dans lequel il devait prendre le poste de Secrétaire d’État à la Communication et au Numérique. Il en profite d’ailleurs pour se féliciter du lancement du portail France.fr (qui ne se féliciterait pas ?). Nous avons réussi à le récupérer et nous vous le proposons en exclusivité.1

Mes chers concitoyens, mes chères concitoyennes,

C’est avec beaucoup d’honneur aujourd’hui que je viens d’accepter la proposition de François Fillon, Premier Ministre, et de Nicolas Sarkozy, notre Président de la République. Je suis aujourd’hui Ministre de la Communication et du Numérique. Ce poste, je l’accepte avec grande joie car la Communication et le Numérique sont au cÅ“ur de ma vie de tous les jours. Issu d’une Majorité qui prend tous les risques pour réussir à réformer notre pays, je veux surtout être un Ministre qui défend les attentes de tous les Français. Faisant fi des commentateurs, j’ai prouvé depuis longtemps que je savais agir.

Mon premier agissement, d’ailleurs, a lieu aujourd’hui avec le lancement du portail France.fr. France.fr est le portail de la France sur Internet. Comme je le disais à ma secrétaire, la seule à utiliser un ordinateur [comme le sénateur Masson, NDLR] ce site pourrait être le seul site à visiter en France. Il est innovant et simple et présente même la météo !

Internet est une vitrine très importante pour notre pays. Ne sommes nous d’ailleurs pas le pays inventeur du Minitel, en avance de 30 ans ? Mis en place en 1980, par un gouvernement de droite, il permettait à n’importe qui de se connecter au monde. Ne venez pas nous dire ensuite que nous ne défendons pas la télématique ! Nos récentes rencontres dans le cadre du Club Parlementaire sur l’Avenir de l’Audiovisuel et des médias, dont je reste président d’honneur avec Frédéric Mitterand, Alain Minc, Claude Perdriel, Christine Albanel, Jacques Séguéla ou encore Jacques Attali me permettent aujourd’hui d’avoir une vision assez innovante et claire de l’Internet que nous souhaitons.

Cependant, et les récentes affaires l’ont prouvé, Internet reste un endroit dangereux, loin du rêve du Minitel, où l’on pouvait se connecter sans crainte. En 2008, je vous alertais [lors du débat sur le Servic Public audiovisuel, NDLR] sur les problèmes que posait l’Internet.

Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ?
Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ?
Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ?
Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ?
Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ?

Ce dont je peux vous assurer aujourd’hui, c’est que j’ai des réponses à ces questions. Il y a eu au moins une femme violée à cause de Facebook, 1 européen sur 5 achète des faux médicaments, de nombreuses jeunes filles sont manipulées sur des chats, trop de bombes ont explosé par accident. Quant aux créateurs ruinés, je ne prendrai pour exemple qu’un seul créateur, le plus grand. Johnny Hallyday qui fut obligé de quitter notre pays tant l’Internet l’a ruiné.
Et Internet ne s’arrête plus dans son comportement destructeur. Il corrompt la presse et notre jeunesse. Il était temps qu’un Ministère lui soit entièrement dédié. Il est temps que le Président de la République dispose, de la même manière que Barack Obama, d’un bouton pour déconnecter l’Internet. Il est temps de sortir la communication sur les réseaux de la boue dans laquelle la traîne à longueur de journée des petits malins.

Ce 14 juillet est une date importante pour l’Internet français. Pour moi. Et donc pour vous.

(discours prononcé le 14 juillet 2010 par Frédéric Lefebvre, Ministre de la Communication et du Numérique)

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Crédit Photo CC Flickr : Nicolas Nova.

  1. NDLR: l’auteur de ce billet est bien connu des services d’OWNI pour ces facéties parodiques, nous mettons donc fortement en doute l’existence de ce document /-) []

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